Le portrait du mois de mai : Marie Lautard
Le portrait du mois de mai
Marie Lautard, juge de ligne internationale licenciée au BACLY (69)
Florian Baud : Peux-tu te présenter toi ainsi que ton parcours de badiste ?
Marie Lautard : Je m’appelle Marie, j’ai 30 ans. J’ai commencé le badminton un peu par hasard en 2015 en Normandie, d’abord au Stade Porte Normande de Vernon de manière occasionnelle puis au MDMSA, à côté de Rouen, de manière plus assidue (auparavant j’ai pratiqué l’équitation en compétition pendant de nombreuses années, puis le rugby). J’ai ensuite déménagé à Lyon en 2016 où j’ai été licenciée plusieurs années au BACO avant de rejoindre le BACLY pour cette saison. Je suis également juge de ligne… Mais je crois que ça fait l’objet des questions suivantes !
En dehors du badminton, je travaille comme ingénieur en maîtrise des risques industriels et en recherche de causes incendie. J’ai pas mal d’autres passions en dehors du badminton, je fais de la randonnée, du piano, de la batterie, du bricolage en tout genre, de l’archéologie, de la peinture, … et j’essaie d’élever une tonne de plantes dans mon appartement 🙂
FB : En plus de joueuse, tu es OT, qu’est-ce qui pousse à aller aux bords des terrains plutôt que dessus ? À ton sens quel est l’apport d’un OT pour notre sport ?
M.L : Alors, à titre personnel, je préfère tout de même être sur les terrains qu’au bord ! Pour moi il s’agit de deux activités complémentaires, et il n’y en a pas une qui prend le pas sur l’autre. Je suis joueuse avant tout, j’aime m’entraîner, jouer en tournoi…, et juger les matchs lorsque j’en ai l’opportunité. L’activité de juge de ligne est très spécifique, puisque l’on est sollicité « uniquement » sur les rencontres de TOP 12 qui ont lieu (en temps normal) en région lyonnaise 6 après-midis par an et pour certains tournois sur sélection. Je pense que les autres activités d’OT (arbitre, juge-arbitre) peuvent nécessiter beaucoup plus de disponibilité puisque les tournois sont très nombreux. L’activité de juge de ligne m’occupe en moyenne deux tournois par an.
À mon sens, l’apport des OT pour le badminton est de permettre de faciliter la pratique du badminton en compétition. Les OT sont là pour faire en sorte que les matchs se déroulent dans les meilleures conditions possibles pour les joueurs.
F.B : Tu es une juge de ligne renommée qui participe à de nombreux grands événements comme les Internationaux de France ou le Masters d’Orléans : peux-tu nous dire pourquoi cet engagement à ce poste ? Qu’est-ce qui te plaît le plus dans cette fonction ?
M.L : Renommée… Je n’irai pas jusque-là ! Nous sommes plusieurs juge de ligne internationaux /expérimentés au sein de la ligue. Je pense notamment à Antoine, Gaëlle, Fabien (pour ne citer qu’eux) ou encore Frédérique Vossier qui fait partie des 4 juges de ligne français accrédités par la BWF et qui peut donc participer à des tournois dans le monde entier, comme par exemple les superséries ou les championnats du monde.
Pour ma part, j’ai fait mes premiers pas en tant que juge de ligne en 2015 à l’occasion des phases finales de TOP 12 qui étaient organisées à Rouen. Le MDMSA cherchait des personnes pour officier et l’atmosphère m’a tout de suite plu. J’ai alors été juge de ligne pour les rencontres de TOP 12 du MDMSA, et j’ai eu l’opportunité d’être juge la même année au Championnat d’Europe des Clubs qui se déroulait à Tours. À partir de là, les tournois internationaux se sont enchaînés (Championnat d’Europe 2016, Internationaux de France, Yonex IFB, Orleans Masters, …). J’ai obtenu le grade international en 2017. J’en profite pour remercier Gael Coadou qui m’a formée en premier et le club du MDMSA, sans qui je n’aurais jamais fait tout cela aujourd’hui !
Ce qui me plaît à ce poste est que l’on est au plus près des matchs qui peuvent être de très haut niveau, et j’adore ressentir l’adrénaline avant d’entrer sur le terrain, durant certains points ou certains moments clés des matchs. J’ai par exemple eu l’occasion de juger des matchs de champions olympiques, de numéros 1 mondiaux…, c’est beaucoup de concentration et aussi beaucoup d’émotions et de fierté ! Lorsque l’on participe à un tournoi international, on se retrouve vraiment au cœur de l’organisation qui regroupe également tous les bénévoles. On se côtoie tous durant une semaine et on tisse de vrais liens d’amitiés. Avec le temps, ces tournois sont également l’occasion pour nous de se retrouver pendant une semaine. Je suis assez timide et le poste de juge de ligne me convient mieux que celui d’arbitre, qui est beaucoup plus « au centre de l’attention » durant les matchs.
F.B : En tant que juge de ligne internationale, as-tu des rêves, comme par exemple participer à de grandes compétitions comme les Championnats du Monde voire les Jeux Olympiques à Paris ?
M.L : Oui, bien sûr ! J’ai déjà eu la chance de participer à des tournois dont je me rappellerai toujours, comme par exemple les Championnats d’Europe en 2016 ou les IFB à plusieurs reprises, qui sont toujours un évènement mémorable. Actuellement, mon objectif est de continuer à être juge de ligne aussi longtemps que cela restera possible, et mon rêve est de participer aux Jeux Olympiques à Paris… Je pense comme beaucoup ! On a tous regardé les JO à la télé, parfois depuis tout petit, et je n’aurais jamais pensé un jour avoir la plus petite chance de me retrouver au bord d’un terrain de badminton à cette occasion. Les JO étant organisés en France, il y aura normalement plus de places pour les juges de lignes français… On verra ! Mais c’est en tout cas quelque chose auquel je pense.
F.B : En plus d’officier, tu es formatrice JDL. Est-ce important pour toi ? Pourquoi cette envie de transmettre ? Que dirais-tu à des badistes pour leur donner envie de devenir JDL ?
M.L : La filière « juges de lignes » est une filière très récente. Il m’a été proposé d’être formatrice avec d’autres juges de lignes de la ligue à la création de la filière et j’ai accepté, afin de pouvoir transmettre ce qui nous a été enseigné et ce que l’on continue d’apprendre en tournois. J’anime des formations dans le cadre de mon activité professionnelle et transmettre est quelque chose que j’apprécie beaucoup.
Malheureusement, nous avons encore à l’heure actuelle trop peu de juges, dans la région lyonnaise en tout cas. Beaucoup d’entre vous ont sans doute reçu un mail de ma part un jour dans ma quête de juges de lignes pour le TOP 12 à Oullins… Je sais que beaucoup n’osent pas se lancer car ils trouvent cela trop stressant, ou que cela représente trop de responsabilités autour d’un terrain. Si je devais essayer de donner envie à un badiste de devenir juge de ligne, je lui dirais qu’il se sentira impliqué dans des matchs de haut-niveau avec parfois les meilleurs joueurs mondiaux, et que cela ouvre les portes vers de gros tournois et des moments inoubliables. On n’est jamais seul autour d’un terrain, il y a d’autres juges et ce sont toujours de supers moments passés tous ensemble.
F.B : Face à la baisse du nombre de femmes impliquées à tous les échelons (joueuses, dirigeantes, officielles techniques) la ligue a entamé une réflexion sur la pratique féminine depuis plusieurs mois.Que dirais-tu à toutes les femmes qui hésitent à venir ou à s’engager pour les convaincre ?
M.L : Si elles hésitent… Je leur dirais de ne pas hésiter ! Plus sérieusement et d’une manière générale, je pense que l’on est obligé d’admettre que le bénévolat, que ce soit pour s’impliquer dans la gestion d’un club ou en tant qu’officiel technique est quelque chose de très chronophage, mais c’est également ce qui permet de faire « tenir » le badminton à tous les échelons et que la pratique soit accessible et agréable pour tous. Pour ce qui est du fait de convaincre de potentielles joueuses… Je n’ai pas d’argument miracle, si ce n’est de les rassurer sur le fait que le badminton est un sport facilement accessible à toutes, peu importe les motivations et le niveau.
F.B : Pour finir, que peut-on te souhaiter pour cette fin de saison ?
M.L : Et bien, comme pour beaucoup de licenciés je pense…, de retoucher une raquette de badminton !
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