Le portrait du mois de février : Thomas Jakobs
Le portrait du mois de février
Thomas Jakobs, double champion de France Parabadminton et membre de l’équipe de France
Florian Baud : Peux-tu te présenter rapidement ainsi que ton parcours de vie ?
Thomas Jakobs : J’ai 28 ans, je suis ingénieur dans les systèmes énergétiques du bâtiment. Je souffre depuis 5 ans d’une paraplégie partielle qui m’empêche de faire du sport sur mes deux jambes. Je pratique donc le parabadminton depuis 3 ans maintenant.
F.B : Avant ton accident, étais-tu déjà badiste ? Après cela, as-tu directement voulu continuer le badminton en parabad ou as-tu eu une période où tu ne pensais jamais retoucher une raquette ?
T.J : Avant mon accident, je ne pratiquais pas le badminton mais je jouais occasionnellement au tennis. J’ai toujours eu une attirance particulière pour les sports de raquettes. Stephen Durand (également du club d’Annecy), un ami, m’a fait découvrir le parabad 2 ans après mon accident, j’y ai donc pris goût très facilement. J’aimerais d’ailleurs le remercier tout particulièrement, sans lui je n’existerais pas dans ce sport.
La première année, je jouais très peu car j’hésitais entre la pratique du tennis et du badminton, je m’y suis vraiment mis courant 2018 pour préparer mon premier tournoi international au Brésil et les championnats d’Europe qui se déroulaient fin 2018. Je ne voulais pas y faire de la figuration.
F.B : Même s’il gagne en médiatisation, le parabadminton reste encore assez méconnu du grand public, notamment les différentes catégories : peux-tu nous dire dans laquelle tu évolues et quelles sont ses spécificités ?
T.J : J’évolue dans la catégorie WH2, qui représente grossièrement la catégorie des joueurs en fauteuil roulant qui possèdent leurs abdominaux à 100%, contrairement à la catégorie WH1 représentée par les joueurs plus lourdement handicapés (pas ou peu d’abdominaux).
De par les moyens physiques des joueurs, ma catégorie est celle des deux catégories où le jeu est le plus rapide, les joueurs frappent fort et se déplacent très vite. Pour moi, le déplacement, c’est la clé. Je ne suis pas un joueur qui possède la meilleure technique, je compense donc avec un bon déplacement. Et je travaille dur à côté pour développer la technique.
F.B : Comment t’entraînes-tu et à quelle fréquence ? As-tu un entraîneur spécialiste du parabadminton ?
T.J : Je m’entraîne 4 fois par semaine et je jongle avec deux entraîneurs qui ne sont pas spécialistes du parabadminton, mais qui commencent à le devenir. Cela fait plus d’un an que je m’entraîne avec eux, ils commencent donc à vraiment comprendre nos difficultés, le style de jeu à adopter et par conséquent la hauteur des frappes à réduire. Ils sont très curieux et cela accélère leur apprentissage !
A côté de ça, il y a par contre un entraîneur spécialiste du domaine en équipe de France que je vois sur les stages ou en compétition.
F.B : Tu es aujourd’hui l’un des meilleurs joueurs parabad de France puisque tu viens d’être sacré double champion de France à Saintes. Aurais-tu pu imaginer cela juste après ton accident ?
T.J : Bien sûr que non j’ai toujours été compétiteur dans le sport, mais jamais je n’aurais imaginé participer à tout ça, et être un jour champion de France dans quoi que ce soit. Je n’en reviens toujours pas d’ailleurs…. C’est que du bonheur.
J’encourage d’ailleurs vivement toute personne en fauteuil roulant à faire du sport, les émotions qu’il procure nous en font oublier le handicap.
F.B : On imagine que ton objectif est désormais d’aller aux Jeux de Tokyo (NDLR : Thomas fait partie de la team Auvergne-Rhône-Alpes, dispositif d’accompagnement des athlètes régionaux vers les JO). Où en es-tu dans la course à la qualification ? Quel est ton programme jusqu’à cette échéance ?
T.J : Nous sommes qualifiés à 99% avec mon partenaire de double, David Toupé (les qualifs’ se font par ce tableau). Il reste trois tournois qualificatifs pour les Jeux (Brésil/Pérou en février et Espagne en mars), mais nous avons suffisamment d’avance sur la concurrence pour être sûr d’avoir décroché la qualification. A moins d’une blessure ou l’arrivée des extra-terrestres, nous serons à Tokyo en septembre prochain sur les tableaux de double et simple.
Les prochains mois vont être chargés ! De l’entraînement le plus possible couplé à une préparation physique adaptée. Et essayer de trouver de l’opposition (peut-être en Asie ?) qui nous fera progresser et atteindre nos objectifs.
F.B : Pour finir, que peut-on te souhaiter pour la deuxième partie de la saison ?
T.J : De ne pas me blesser !
A part ça, c’est moi qui souhaite du bonheur aux autres, à ma famille, mes amis et à tous les badistes.
Et pourquoi pas une médaille à Tokyo, allez soyons fous !
Retrouvez tous les portraits réalisés dans la plume de l’AURA dans l’onglet dédié