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Le portrait du mois : Maud Domenech

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Le portrait du mois : Maud Domenech

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Le portrait du mois de mai

Maud Domenech, présidente du club de Champagne au Mont d’Or (69)

Florian Baud : Peux-tu te présenter rapidement ainsi que ton parcours de badiste ?

Maud Domenech : Je suis Maud Weibel Domenech, j’ai 45 ans et je suis mère de 3 enfants (20 ans / 18 ans / 14 ans). Ils sont tous sportifs pusique l’un des 3 fait du BMX et du bad et est en L2 staps, l’autre est tennisman et ma fille est boxeuse.

Je suis professeure des écoles spécialisées, mais en réflexion pour une reconversion.

J’ai obtenu un Master Egal Aps en 2018, premier master en Europe à traiter des questions de lutte contre les discriminations femmes/hommes dans et par le sport.

J’ai commencé le bad tard pour passer mon concours de PE au Club de Corbas qui venait d’être crée par J-M. Mazet, j’ai intégré le bureau et j’ai commencé les tournois tout de suite, j’ai toujours aimé la compétition. J’ai joué trois saisons complètes puis j’ai arrêté 9 ans (j ai fait des enfants …) avant de reprendre le chemin des terrains en 2009 à Champa’Bad pour ne plus les quitter.

Mes tableaux préférés sont le simple et le mixte mais il est maintenant rare de pouvoir faire ces deux tableaux dans un seul et même tournoi.

En 2010, nous avons monté la première équipe d’interclubs dont j’ai été capitaine pendant 5 ans, et qui a atteint la D1 en 2018/2019.

F.B : Tu es depuis plusieurs années la présidente du club de Champagne-au-Mont d’Or (69) : que représente cet engagement pour toi ?

M.D : J’ai pris la fonction de vice-présidente en 2013, puis de co-présidente en 2016. Je ne suis donc pas seule à la tête du club, nous sommes une vraie équipe et sans elles et eux je ne me serai pas réengagée pour un nouveau mandat. J’ai commencé le sport très tôt et mon père qui m’accompagnait sur les compétitions de gym est devenu juge afin de se rendre utile, ensuite il a été arbitre au tennis, puis au rugby (pour mon frère). Je crois que j’ai simplement suivi le modèle qui m’avait été proposé. En France s’il n’y a pas de bénévoles il n’y a pas de clubs et ceci est valable dans toutes les disciplines. Le bénévolat fait partie de moi, je ne me suis jamais posé la question, j’ai commencé au lycée, ensuite au bureau de Corbas, au sein de GALACTEE une association de soutien à l’allaitement, au bureau du club de BMX de mon fils et aussi en tant qu’arbitre sur les courses, puis enfin au club de Champagne.

F.B : A l’aube d’une nouvelle olympiade, beaucoup regrettent le manque de bénévoles pour les accompagner ou les remplacer. Est-ce le cas à Champagne ? Pourquoi ? Quel message souhaiterais-tu faire passer aux licenciés pour rejoindre les équipes de bénévoles ?

M.D : J’ai vraiment la chance d’avoir une équipe très investie, qui est stable et qui se renouvelle en même temps, pour le moment chaque départ au sein du bureau a été préparé et les transitions se sont faites tout en douceur. Les seuls moments qui sont un peu tendus sont les tournois car ce sont souvent les mêmes qui sont là et il est vrai qu’à la longue c’est un peu démotivant mais nous avons réussi à mobiliser des parents de jeunes et c’est assez sympa de les avoir à nos cotés lors des événements du club. Nous avons aussi la chance d’avoir un groupe d’ados qui commencent à s’investir. L’an dernier pour les 10 ans du club nous avons mis deux jeunes bénévoles à l’honneur, il et elle encadraient le créneau des minibad aux cotés de notre entraîneur officiel. Ces deux jeunes sont Maud Gennevois (fille de l’ancien président) et Maxence Domenech (mon fils). La relève est donc assurée et c’est une chose dont je suis fière, pas en tant que mère mais en tant que dirigeante, nous réussissons à former et à motiver des jeunes pour qu’ils s’investissent dans le club.

F.B : La ligue lance une étude de la pratique féminine sur son territoire afin de mener des actions sur la féminisation en 2020/2024. Quel est ton regard en tant que femme, que badiste, que dirigeante du sport féminin et plus particulièrement du badminton pour et par les femmes dans notre région ? Pour toi, comment les actions de féminisation peuvent être des solutions ?

M.D : Cela fait plusieurs années que je me penche sur la question, je pourrais en parler pendant plusieurs heures. Je vais donc essayer de faire le plus synthétique possible. Depuis 5 ans la fédération de bad perd des femmes, nous étions à 37% et il me semble que nous sommes à 33%. Nous avons la chance d’avoir un sport où les doubles suscitent autant d’enthousiasme que les simples et où le double mixte a une vraie place. Mais c’est aussi notre faiblesse puisque j’ai très souvent entendu des propos du genre « Nous au bad on est bons, on est un sport mixte, par rapport au rugby ou au foot on est carrément en avance, il faudrait mieux s’occuper des autres avant !!! » Mais quand on regarde d’un peu plus près on est loin d’être bons, les femmes sont minoritaires dans les clubs, les compétitrices encore plus, de ce fait il est compliqué de faire du double dames : trouver 4 filles avec des niveaux homogènes c’est pas facile, le simple on en parle même pas … c’est un facteur de démotivation et d’arrêt de la pratique. C’est une réalité qui est vraiment catastrophique chez les jeunes, sur les tournois il y a très peu de filles, des niveaux très différents et elles sont très vite dégoûtées et c’est normal, il y a vraiment des réflexions à mener sur l’amélioration des conditions de pratique afin de garder dans les clubs les filles qui viennent jouer.

Ensuite en tant que dirigeante je suis souvent frappée par le peu de femmes présidentes, en même temps, à mes débuts au sein du bureau toutes les réunions étaient à 18H30 ou 19H, j’étais informée des réunions avec la mairie ou l’OMS 3 jours avant. Avec trois enfants à la maison ce n’était juste pas possible, mais personne ne s’en souciait puisque les autres participants à ces réunions n’avaient pas la charge de leurs enfants. J’ai donc dû expliquer plus ou moins patiemment et diplomatiquement qu’il fallait changer ces manières de faire mais le changement est parfois un peu trop long à s’opérer à mon goût. Les modes de gouvernance doivent évoluer mais pour cela les femmes doivent pouvoir intégrer les instances dirigeantes et les faire changer de l’intérieur.

Si l’étude que la ligue mène pouvait également se pencher sur les arbitres ce serait une bonne chose, combien de femmes JA, combien de femmes JA nommées sur de grands événements ?

Pour être efficaces, les actions menées doivent être vraiment réfléchies afin de ne pas avoir l’effet inverse de celui recherché. Ce ne doit pas non plus être juste des mots sur un « plan de féminisation » qui restent bien à leur place sans jamais arriver dans les gymnases.

Il y a trois ans j’ai crée un groupe facebook et organisé des sessions « badgirls » un dimanche par mois dans le gymnase du club, l’année dernière j’ai eu du mal à garder la dynamique et cette année ça a été compliqué aussi, mais d’autres clubs et d’autres badgirls ont pris le relais pour permettre aux compétitrices de tous niveaux de se retrouver pour jouer avec des joueuses différentes et plus nombreuses.

F.B : Tu es aussi et avant tout une joueuse de badminton : comment vis-tu cette période exceptionnelle sans badminton ?

M.D : C’était une période ultra frustrante, je me défoule comme je peux mais rien ne vaut ma raquette !!!

J’espère avoir l’occasion de frapper un volant avant l’été même si je n’y crois pas trop.

F.B : Enfin, une dernière question : que peut-on souhaiter au club champenois de badminton pour la saison prochaine ?

M.D: Alors pour l’année prochaine, j’aimerais garder mon équipe de choc, avoir quelques adhérents/adhérentes sympathiques supplémentaires. Attirer autant de jeunes que cette année. Il y a pleins de choses à améliorer dans le fonctionnement du club mais je voudrais vraiment garder notre esprit club convivial où chacun a sa place et vient partager de bons moments sur les terrains mais aussi autour et en dehors.

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