Le portrait du mois : Peggy Genisson
Le portrait du mois de juin
Peggy Genisson, officielle technique de niveau international et licenciée au club de Bourg-en-Bresse/Ceyzériat (01)
Florian Baud : Peux-tu te présenter rapidement ainsi que ton parcours de joueuse de bad ?
Je m’appelle Peggy Génisson, j’ai 45 ans, 2 garçons de bientôt 7 et 10 ans et un mari formidable qui me laisse vivre ma passion pour le badminton !
Il faut savoir que je fais du sport en club depuis l’âge de 5 ans, que c’est un élément essentiel dans ma vie et je ne conçois pas le sport sans la compétition.
J’ai découvert le bad durant 1 trimestre en classe de Terminale. Ayant joué durant plusieurs années au tennis ainsi qu’au tennis de table, j’ai tout de suite accroché pour ce sport de raquette. Mais à l’époque, je pratiquais le basket-ball depuis 8 ans, et c’était ma véritable passion. J’assistais aux matchs de joueurs pro, j’étais abonnée au magazine « Mondial Basket », j’avais des posters de joueurs américains sur les murs de ma chambre (mon préféré : Magic Johnson !), et je passais tous mes samedis après-midi sur les terrains de basket à jouer en championnat départemental. J’ai d’ailleurs découvert l’arbitrage à ce moment-là. Lorsque je suis arrivée à Lyon pour mes études, je n’ai pas retrouvé de club de Basket à proximité de mon lieu de résidence, alors je me suis inscrite au badminton à la Fac de Lyon II. J’y ai joué plusieurs années en FNSU où je participais aux compétitions universitaires. Lorsque j’ai terminé la Fac et que j’ai commencé à travailler, je me suis inscrite dans un club de bad pour être licenciée auprès de la FFBaD. J’ai donc débuté au BAC 69 à St Priest où j’ai passé de bonnes années de rigolade avec la rencontre de personnes géniales et j’y ai débuté la compétition en Interclubs. Puis, voulant progresser dans ma pratique, je suis partie jouer au BEB 69 à Bron où j’ai découvert une autre approche de la compétition et une organisation de club au top. Je suis passée par d’autres clubs au gré de mes déménagements et je suis maintenant licenciée au BCBC 01 de Bourg-Ceyzériat pour lequel j’officie en tant que juge-arbitre et arbitre en IC National.
F.B : Tu es une arbitre de niveau international, un niveau très important. Peux-tu nous expliquer comment tu en es arrivée là ?
La route jusqu’à un niveau d’arbitre international est longue et semée d’embûches !
Comme beaucoup d’officiels techniques, j’ai d’abord voulu exercer en tant que juge-arbitre car il ne faut pas se le cacher, il en faut beaucoup avec tous les tournois qui sont organisés chaque week-end. Mais les JA oublient toujours qu’il n’y a pas que la pratique en tournois mais aussi celle en interclubs qui existe, et que le besoin en JA se trouve aussi sur ce type de compétition. Avec l’ancienne formule d’interclubs nationaux, plusieurs journées se déroulaient le même week-end. Il y avait donc plusieurs équipes qui se rencontraient et nous devions être 6 arbitres présents. Mon goût de l’arbitrage et mon esprit d’équipe s’est développé à ce moment-là. J’arbitrais du bon niveau et j’ai eu envie de monter en niveau d’arbitrage. Mais je n’ai jamais visé un niveau plus loin que celui immédiatement après le mien.
Les formateurs Rhône-alpins ont pensé que j’avais le potentiel pour accéder au grade National et ont présenté ma candidature. J’ai ainsi obtenu mon grade en décembre 2005 à Saint Louis et se fût un moment très émouvant. Grâce à cela, j’ai pu participer à tous les championnats de France existants sur notre territoire. Et j’ai fréquenté la crème des arbitres nationaux et internationaux. Leur expérience a enrichi mon propre parcours et m’a permis de me perfectionner. La commission nationale d’arbitrage m’a vue arbitrer en anglais sur les Volants d’Or à Toulouse en 2009, et m’a proposée ma 1ère compétition internationale en 2010 à Berlin. Ma « carrière » d’arbitre internationale était lancée…
Mais il faut savoir que c’est une passion dévorante qui nécessite beaucoup de sacrifices sur le plan personnel : poser 1 semaine de congés à chaque déplacement à l’étranger, négocier avec son employeur, organiser sa vie familiale durant son absence, ne pas être en famille les jours fériés ou festifs (Pâques ! Halloween ! Anniversaires et mariages !).
F.B : Tu participes également à la formation des arbitres sur la région. Est-ce important pour toi de transmettre ton savoir et ton expérience ? Que penses-tu de la formation des officiels techniques dans la région ?
J’adore parler de bad et je peux transmettre mon enthousiasme à travers la formation.
Les stagiaires qui débutent un parcours d’officiels techniques (JA, arbitre ou juge de ligne) viennent en formation pour des raisons différentes (personnelles ou pour leur club). Il faut donc réussir à unifier tous les profils pour leur prouver qu’ils peuvent en ressortir avec une satisfaction personnelle malgré une motivation différente. Je pense personnellement que les stagiaires qui viennent pour eux-mêmes car ils sont attirés par la fonction seront de meilleurs officiels et surtout seront présents dans la durée. Il faut savoir qu’il y a beaucoup de théorie à connaître par cœur et les stagiaires sont souvent surpris. Ensuite, ils sont confrontés tout de suite à la pratique et gérer son stress sur une chaise d’arbitre lorsqu’on est débutant est déstabilisant.
J’aime pouvoir susciter de nouvelles vocations et découvrir de nouveaux talents. Avec l’expérience, dès la formation initiale, j’arrive à repérer les stagiaires qui ont le potentiel pour arriver à un niveau National. C’est exaltant de pouvoir les accompagner au niveau le plus haut.
La formation en Auvergne-Rhône-Alpes est portée par une bonne équipe d’officiels techniques depuis plusieurs années. La logistique doit être bien anticipée pour pouvoir transmettre toutes les connaissances dans les meilleures conditions. Les stagiaires semblent généralement satisfaits par l’ambiance qui y règne !
F.B : Tu devais participer pour la deuxième fois au FZ FORZA Alpes International U19 au mois d’avril (annulé pour cause de Covid-19). Que penses-tu de cette compétition ?
C’est une chance pour notre ligue d’accueillir une compétition de ce niveau. Les licenciés peuvent accéder à du haut niveau à proximité de chez eux et découvrir les champions de demain. Voiron est habitué maintenant à accueillir de belles compétitions et l’organisation frôle la perfection. Il faut saluer les bénévoles qui ne comptent pas leurs heures et qui permettent entre autres d’avoir un beau plateau de jeu. C’est toujours une fierté lorsque notre ligue accueille de belles compétitions comme les championnats de France (Finales des championnats de France Inter-Codeps à Bron puis à Arnas durant de nombreuses années, France Jeunes à Lyon en 2008, France Séniors à Voiron et les Finales Top 12 à Andrézieux-Bouthéon en 2018). J’ai une pensée particulière pour le club d’Annemasse qui devait accueillir les championnats de France Vétérans cette année, et dont l’investissement énorme est réduit à néant à cause du Covid-19. J’espère sincèrement que le club pourra organiser la compétition dans un avenir proche. Et enfin, j’aimerais vraiment que notre ligue puisse organiser les championnats de France para-badminton au plus tôt, car c’est une superbe compétition que j’affectionne tout particulièrement et qui ferait découvrir aux licenciés une autre pratique du badminton avec notamment une surface de terrain différente suivant les catégories des joueurs.
F.B : Une question d’actualité : comment as-tu vécu cette période sans badminton ? La crise sanitaire te prive-t-elle de compétitions importantes sur lesquelles tu devais officier ?
C’est dur d’être confiné tout court, alors ne plus pouvoir partager sa passion durant plusieurs mois, c’est difficile à vivre ! D’autant plus que dans ma famille, je suis la seule badiste ! Et puis, quand on ne pratique pas l’arbitrage pendant plusieurs mois, les réflexes et la sensibilité ne sont plus les mêmes quand on retourne sur la chaise d’arbitre.
Avec le coronavirus, bien sûr que j’ai loupé des compétitions de haut niveau. Mais la plus belle de ma saison, je l’ai eu en février, en arbitrant sur les championnats d’Europe par équipe masculine et féminine ainsi que les U15 à Liévin, donc je suis satisfaite de mon parcours pour cette année.
F.B : Enfin, une dernière question : que peut-on te souhaiter pour la saison prochaine ?
L’obtention du grade supérieur de Badminton Europe! Ce qui me permettrait d’accéder à de nouvelles compétitions comme les championnats du monde.
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