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Le portrait du mois : Colin Kerouanton

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Le portrait du mois : Colin Kerouanton

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Le portrait du mois de juillet

Colin Kerouanton, licencié au club de Vichy/Cusset (03)

Florian Baud : Peux-tu te présenter rapidement ainsi que ton parcours de badiste ?

Colin Kerouanton : J’habite dans l’Allier avec mon épouse et mes deux enfants de 2 ans. En ce moment, en parallèle de ma recherche d’emploi, je passe beaucoup de temps à jardiner et à entretenir mon potager. En janvier, j’ai terminé ma thèse en géographie sur les mobilités autour des activités récréatives. J’ai repris le badminton il y a quelques mois après une pause de quatre années. J’avais alors fait plusieurs clubs dont celui de Grenoble Alpes et du BACLY (bref passage malheureusement). J’ai pratiqué le para-badminton à l’international pendant trois ans, durant lesquels j’ai obtenu une médaille de bronze aux mondiaux en 2015. Finalement, je me suis rendu compte que je n’étais pas fait pour le haut niveau et que mes aspirations étaient ailleurs. Ça s’est révélé être un bon choix.

F.B : Dirigeant au sein du club de Vichy-Cusset, tu es responsable des partenariats. Peux-tu nous dire en quoi consiste ta mission ?

C.K : Je ne sais pas si l’on peut dire dirigeant, car je viens tout juste d’arriver et je cherche juste à aider. De toute façon, je ne me voyais pas pratiquer le bad sans m’impliquer dans la vie du club. J’essaie de m’appuyer sur ce que j’ai vu à Grenoble et à Lyon, où il y avait un savoir-faire important dans la recherche de partenariats. À Grenoble je m’occupais des tournois, et il y avait donc un aspect relationnel important. Ici, la mission c’est de prolonger les relations déjà en place avec des entreprises locales, et de structurer notre offre de partenariats. Nous avons quelques subventions, mais pas assez pour la création d’un poste. Dans ce contexte il faut réfléchir à optimiser les dépenses comme l’équipement ou les dotations tournois. Je ne fais que débuter et la nouvelle équipe dirigeante — dynamisée par le président Vincent Raboutot— fait beaucoup.

F.B : Tu as travaillé en collaboration avec la ligue pour la création des poules d’Interclubs Régionaux 2020/2021, et cela grâce à un outil que tu as toi-même créé. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

C.K : L’outil que j’ai créé s’insère dans une problématique classique en géographie, à savoir la question des trajets des individus et des coûts temporels, économiques, matériels, humains. Cette problématique est  plus difficilement perceptible lorsque l’on habite le centre d’un espace régional, comme Lyon par exemple, car on est à égale distance de tous les autres clubs. Mais pour les clubs situés en périphérie de l’espace régional, la répartition géographique des poules a une toute autre importance. Les trajets peuvent devenir très importants dans une région étendue comme Auvergne-Rhône-Alpes. Il y avait cette année, par exemple, les clubs de Haute-Savoie qui se retrouvaient dans la même poule que des clubs du Puy-de-Dôme.
Pour aider la ligue à prendre en compte le critère géographique, j’ai donc créé un outil qui montre l‘économie en temps de trajet et les coûts kilométriques selon les répartitions. Pour cela, j’ai construit un tableau avec les temps de trajets entre tous les clubs du championnat régional interclubs, puis selon les répartitions choisies des poules, l’indicateur de kilomètres évités pour la saison baisse ou augmente. La nouvelle mouture avec l’outil permet d’éviter la plus de 20 000 km pour l’ensemble des clubs inscrits en interclubs régionaux, pour les 5 journées. À cela j’ajouterais qu’il y a une multiplication de facteurs qui font que les clubs loin des grandes agglomérations sont pénalisés par des temps de trajet élevés.

F.B : En tant que joueur de bad, tu es porteur d’un handicap. Quel est-il et quelles sont ses conséquences sur ta pratique de notre sport ?

C.K : Effectivement j’ai un handicap au bras gauche, causé par un cancer gamin. Ce handicap ne m’empêche pas de vivre au quotidien et ne m’a jamais demandé d’adaptation de poste par exemple. Pour la pratique du badminton, il y a davantage de contraintes comme l’instabilité de mon bras pour le service, l’équilibre qui normalement est favorisé par le bras opposé, et puis il y a aussi beaucoup d’exercices de renforcement musculaire que je n’ai jamais pu faire. Ensuite il y a les conséquences de la pratique sur mon dos, déséquilibré par des efforts asymétriques (dans le badminton comme dans la vie courante).

Je profiterais de cette question pour dire que la question du handicap, elle est bien sûr celle de l’accessibilité des lieux de pratique et de la pratique à toutes et tous, mais elle est aussi une question de regard sur le corps, de discrimination de la différence. La société en règle générale nous donne à voir des standards esthétiques et athlétiques, il n’y a qu’à regarder les publicités de vêtements sportifs pour s’en convaincre. Et parfois, il peut paraitre contradictoire qu’un-e athlète paralympique participe à la démarche de communication, de mise en valeur esthétique autour du corps, lorsque cette même mise en valeur a pu la-le faire souffrir auparavant. Et les images qui sont imprimées par la société ne concernent pas seulement le handicap, mais aussi le racisme, la misogynie, l’homophobie, la grossophobie, la transphobie et j’en passe.

F.B : Que peut-on te souhaiter pour la saison à venir ?

C.K : Question très difficile… Pour moi, prendre du plaisir et échanger avec les autres. Pour le club, du partenariat et des victoires 🙂

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