Le portrait du mois de mars : Antoine Fauvet, arbitre international licencié à La Mure (38)
Le portrait du mois de mars :
Antoine Fauvet, arbitre international licencié au Bad’In Matheysine (38)
Florian Baud : Peux-tu te présenter toi ainsi que ton parcours dans le badminton ?
Antoine Fauvet : J’ai 56 ans, j’ai commencé le badminton tardivement (dans les années 90) après une longue carrière de judoka. J’ai pris ma 1ère licence fédérale en 1995 au club de L’Isle d’Abeau. J’y ai été joueur, entraîneur, membre du bureau jusqu’en 2003. J’ai ensuite migré vers le Sud Isère (La Mure puis Bourg d’Oisans).
J’ai été président du club de Susville de 2007 à 2011, j’y ai encadré les jeunes, en faisant le lien entre le collège de La Mure et le club.
J’ai fait partie du Comité 38 (Vie Sportive et formation des Officiels de 2009 à 2013 et membre élu du bureau à partir de 2010).
Membre élu à la Ligue Rhône-Alpes (puis AURA) de 2013 à 2017, membre de la Commission Régionale d’Arbitrage (CLOT aujourd’hui) sur la même période.
Arbitre depuis les années 2000, mon grade actuel est Badminton Europe Accrédité.
Depuis 2021, je fais partie de la Commission Fédérale des Officiels Techniques (secteur Formation-certification des arbitres avec Formabad)
F.B : Comme nous venons de le voir, tu es arbitre de niveau international : comment se lance-t-on dans une carrière arbitrale? Quelles ont été les étapes pour en arriver à ce niveau ?
En fait, étant prof d’EPS et connaissant la place très importante du badminton dans les collèges et lycées, j’ai voulu très tôt bien maîtriser l’activité, que ce soit au niveau technique ou réglementaire. La formation des Jeunes Arbitres UNSS faisant partie intégrante de nos missions, j’ai voulu devenir performant à ce niveau-là aussi. Donc, dès la fin des années 90, j’ai débuté tout un tas de formations (Animateur badminton, dirigeant, arbitre et juge arbitre). J’ai une nette préférence pour l’arbitrage où j’ai gravi les échelons, année après année.
Arbitre national (Fédéral Accrédité aujourd’hui) en 2011 à Valence, j’ai débuté très vite les arbitrages à l’étranger, sur les compétitions Jeunes avant d’être nommé sur les « futur series », les « international challenges » puis les tournois BWF (Orléans, Spain masters…), soit une vingtaine de sorties… déjà !
L’aboutissement est mon accès à la liste des Arbitres de Haut niveau depuis 2017, l’obtention du grade d’arbitre Accrédité Badminton Europe depuis 2020 et surtout les IFB 2021.
F.B : Quels sont tes prochains objectifs en tant qu’officiel technique ?
Les différentes instances internationales (BWF et Badminton Europe) instaurent des limites d’âge pour chaque catégorie d’Officiel Technique ; et malheureusement, je suis déjà au-delà des éventuelles promotions à venir. Donc mes objectifs restent de ressentir toujours autant de plaisir sur la chaise pour les compétitions sur lesquelles je serai nommé dans les prochaines années à venir.
F.B : Tu as arbitré la finale du Mixte aux France début février. Quels sont tes meilleurs souvenirs sur la chaise ? A l’inverse, un moment que tu n’aimerais pas revivre ?
Mes meilleurs souvenirs sont à la fois certains matchs avec des joueurs/joueuses de très haut niveau (finales du simple dame à Orléans ou ½ finale du double mixte à Paris en 2021) mais surtout mon 1er Championnat de France Para badminton à Colomiers en 2014.
Des moments à ne pas revivre ? Franchement, même si certaines situations peuvent être stressantes, à cause de la pression qui peut devenir énorme, je ne me pas souviens m’être dit un jour « plus jamais ça ».
F.B : Tu animes également de nombreuses formations : que ce soit dans le monde fédéral ou auprès des jeunes officiels de l’UNSS dans ton univers professionnel. Est-ce important de transmettre ta passion ?
Effectivement, quand je regarde dans le rétroviseur, c’est bien l’aspect formateur qui me saute à la figure !
Je me dis que le badminton est, comme bon nombre d’activités sportives, porteur de valeurs qui sont pour moi fondamentales : goût de l’effort, respect des autres, se donner les moyens pour réussir au mieux sans tricher… Et qu’au travers des différentes fonctions des Officiels Techniques du badminton, on peut les véhiculer auprès du plus grand nombre.
Je côtoie au quotidien des jeunes pour qui ces valeurs ne vont pas de soi mais qui pourtant ont envie de s’impliquer d’une façon ou d’une autre et de trouver leur voie. Alors, ce sera toujours sans réserve que j’essaierai de susciter des vocations…
F.B : Que dirais-tu à un jeune qui veut devenir officiel technique ? Tu es aussi juge arbitre, quelle filière lui conseillerais-tu et pourquoi?
Évidemment que mon angle « arbitrage » va teinter ma réponse : si tu aimes organiser et vérifier (contrôler) que tout se passe dans les règles communes, deviens d’abord GEO puis Juge Arbitre. Mais tu ne pourras être efficace et répondre à toutes les questions des joueurs que si tu maîtrises les règles du jeu et leur application. Donc essaie l’arbitrage, en tout cas pour t’imprégner des règles suffisamment.
Et qui sait ? Le plaisir d’être sur la chaise, d’assister (au sens propre du terme) au match au plus près, mais aussi celui de faire partie d’une vrai équipe/famille d’arbitres, te donneront l’envie de continuer et progresser l’arbitrage.
Mais pour être de plus en plus efficace sur la chaise et de construire les repères qui te permettront de bien juger la chute des volants, rien ne vaut le passage au rôle de juge de lignes… Et voilà ! On voit bien les liens entre les différentes fonctions d’Officiel Technique !
Et tu auras ainsi élargi le cercle de tes amis. Pour ma part, retrouver régulièrement d’autres arbitres que j’apprends à connaître et à apprécier au fil du temps accroît aujourd’hui encore ma motivation pour continuer.
F.B : La ligue a lancé un projet d’envergure pour que plus de femmes viennent dans nos clubs et s’engagent aussi dans une carrière d’OT : cela te semble-t-il important ?
Cette préoccupation sociétale n’est pas nouvelle, même si elle se concrétise depuis quelques années déjà. Oui, la quête de l’omniprésence des femmes dans les clubs et les diverses instances (locales ou fédérales) montre bien qu’on est loin du compte ! Et que les « visions traditionnelles » du monde persistent !
Pourquoi est-ce important ? Parce que si l’on veut véritablement vaincre le sexisme existant (insidieusement le plus souvent actuellement) dans notre société, il est fondamental de montrer que les compétences (sportives, décisionnelles, organisationnelles ou autres) ne sont pas liées au sexe qu’on a à la naissance.
F.B : Tu fais aussi partie de l’équipe qui porte la tutelle du comité 38 au sein de la ligue afin de permettre à ce département de renaître le mieux possible à la sortie de cette tutelle : pourquoi cet engagement ?
Depuis 2 ans, je participe à la vie du groupe Tutelle du comité 38, pour redynamiser structurellement ce territoire de cœur. Le Comité est le rouage de proximité par excellence du lien institutionnel entre les clubs et la Fédération.
C’est parce que sans ce lien, plus grand-chose ne prend du sens pour personne. Permettre de remettre du lien entre les clubs autour d’évènements sportifs de proximité (interclubs ou championnats départementaux) participe au dynamisme du badminton. Et c’est bien ce dynamisme qui va attirer à nouveau de plus en plus de personnes dans les clubs, non ?
F.B : Enfin, que peut-on te souhaiter pour cette fin de saison ?
Eh bien, la fin de saison est encore loin quand je regarde mon agenda d’ici l’été !
Au niveau personnel, garder une santé optimale pour faire face aux échéances multiples à venir (validations arbitrales sur le CRJ et sur le France Jeunes, arbitrage sur le Swiss Open et le Nantes International, mise en place des différents championnats de l’Isère d’ici la fin de saison, responsable des arbitres sur les Gymnasiades 2022 à Deauville au mois de mai…..)
Retrouvez tous les portraits réalisés dans la plume de l’AURA dans l’onglet dédié